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centrale nucléaire - Page 16

  • Désobéir pour l’avenir

    Ce jeudi 4 septembre à 8h30 au tribunal de Colmar, s'est déroulé le procès de 54 activistes de Greenpeace, de 18 nationalités différentes.

    Ils étaient entrés le 18 mars 2011 dans la centrale de Fessenheim à 5h50 du matin, pour déployer une bannière sur le réacteur n°1 sur laquelle était écrit “Stop Risking Europe”.
    Un message adressé à Angela Merkel et à François Hollande, à la veille d’un sommet européen sur le cadre de politique énergétique à horizon 2030. Fessenheim, la plus vieille centrale française, est aussi le symbole des centrales vieillissantes européennes. Frontalière avec l’Allemagne, elle met en danger des centaines de milliers de citoyens européens. François Hollande a promis de fermer cette centrale mais le projet de loi sur la transition énergétique, présenté par l’exécutif début août, ne donne aucun gage quant à la fermeture de Fessenheim, ni quant à la réduction de la part du nucléaire.

    Ils sont français, allemands, italiens, suisses, espagnols, belges, autrichiens, hongrois, polonais, tchèques, slovènes, danois, norvégiens, suédois, hollandais, turcs, australiens, et israéliens.

    Ils étaient là car depuis des décennies, la population européenne cohabite avec des centrales nucléaires. La plupart d’entre elles ont été installées sans consultation des habitants. Aujourd’hui, ces centrales nucléaires ont vieilli. Trop vieilli. Construites pour durer 30 ans, certaines installations ont déjà dépassé les 40 années d’exploitation. Certains pays aimeraient même prolonger leur exploitation jusqu’à 60 ans. Cette politique d’extension de vie des centrales nous fait entrer dans une nouvelle ère de risques, plus importants que jamais.

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    Ils ont agi, et désobéi, pour l’avenir.

    Ce n’était pas légal. Mais c’était légitime. Car il est nécessaire d’agir pour que les responsables politiques écoutent et entendent.

    Le procureur a requis 3 à 4 mois de prison avec sursis pour tous les militants pour violation de domicile. Ainsi qu’une amende de 400 € à l’encontre des militants qui ont refusé le prélèvement ADN lors de leur garde à vue.

    Un verdict très rapide : c’est inédit, mais le verdict a été rendu dans la journée.

    Les 55 militant ont été reconnus coupables des faits de violation de domicile et condamnés à 2 mois de prison avec sursis. Ils sont relaxés concernant le chef d’accusation de dégradation. Pour trois d’entre eux, qui avaient refusé le prélèvement ADN, une amende de 300 euros par personne a été décidée par le juge. Pour les autres militants ayant refusé ce prélèvement, c’est la relaxe. En effet, la demande de prélèvement n’avait pas été effectuée en présence de l’avocat. L’ensemble des militants est condamné à verser 1000 euros solidairement à EDF pour frais juridiques.

    Énergies renouvelables, efficacité énergétique : voilà la voie que la France et toute l’Europe doivent prendre. Certains pays européens ont commencé à s’engager. Mais tant que le nucléaire ou le charbon serviront si massivement à produire de l’électricité en Europe, le développement des renouvelables restera bloqué !

    Le nucléaire est un verrou qui doit sauter !

  • Nucléaire : de gros problèmes pour EDF et GDF

    Si le nucléaire est à l'origine de catastrophes majeures, notamment à Tchernobyl et à Fukushima, il est bien connu que le nucléaire français est à l'abri de tels soucis.

    C'était du moins la philosophie officielle jusqu'au retour d'expérience de l'accident de Fukushima, qui a fait prendre conscience de la légèreté des mesures préconisées en cas de défaillance grave dans un centrale nucléaire.

    Des incidents sérieux sur des installations nucléaires en Grande-Bretagne et en Belgique obligent les exploitants de ces centrales à des arrêts prolongés. Ces incidents mettent en lumière la fragilité de ces technologies, avec la possibilité d'une malveillance pour le cas de la centrale belge.

    L'installation de Doel sera stoppée pour de longs mois d'après le site lesechos.fr :

    C’est une mauvaise nouvelle de plus pour Electrabel et son actionnaire GDF Suez : mis à l’arrêt le 5 août après une fuite d’huile, le réacteur Doel 4, l’une des sept tranches nucléaires belges, ne redémarrera pas avant le 31 décembre 2014, a indiqué le groupe belge jeudi. « Les premiers résultats disponibles indiquent des dégâts importants au niveau de la turbine haute pression ».

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    Le site de la rtbf précise qu'un acte délibéré est à l'origine de cet arrêt : " Le réacteur est à l'arrêt depuis l'incident qui a touché la turbine à vapeur dans la partie non-nucléaire de la centrale. 65 000 litres d'huile de la turbine se sont écoulés vers un réservoir souterrain destiné à récupérer cette huile en cas d'incendie. Manquant de lubrifiant après cette manœuvre, la turbine a surchauffé et s'est automatiquement arrêtée, suivant les procédures prévues.

    Electrabel évoque "des dégâts importants à hauteur de la turbine à haute pression". La société est incapable de donner une date pour le redémarrage. L'acte de sabotage a très vite été envisagé.

    Vendredi dernier, l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire (AFCN) et le parquet de Termonde ont chacun ouvert une enquête sur l'arrêt inattendu de la centrale. L'AFCN a rapidement conclu à une manœuvre délibérée.

    L'enquête est désormais menée par le parquet fédéral. Plusieurs médias ont suggéré une piste de menace terroriste, mais le parquet estime qu'il s'agit d'une conclusion hâtive. "Différentes pistes sont toujours étudiées", indique le porte-parole."

    En Grande-Bretagne, ce n'est pas GDF, mais EDF qui se trouve en grande difficulté. L'entreprise française a stoppé 4 réacteurs qu'elle exploite outre-Manche via sa filiale britannique. D'après Le Monde, "le problème a initialement été découvert l'an dernier dans sa centrale de Heysham, au nord-ouest de l'Angleterre. Une inspection de routine aux ultrasons a révélé un « résultat inattendu » dans l'une des huit chaudières du réacteur. Celui-ci a repris du service au début de l'année, à puissance réduite, mais EDF Energy a décidé de mener de plus amples tests. Débutés en juin, ceux-ci ont « confirmé la présence d'un défaut ».

    L'entreprise n'a détecté aucun problème similaire sur ses autres centrales, mais l'anomalie est suffisamment inquiétante pour qu'elle choisisse de mettre à l'arrêt les quatre réacteurs qui sont du même design, deux à Heysham et deux à Hartlepool (nord-est de l'Angleterre). La suspension est prévue pour une période estimée à huit semaines, le temps d'approfondir l'enquête.

    Le défaut concerne le support central de la chaudière (« boiler spine »). Cette pièce soutient les différents tubes qui y sont installés. EDF Energy assure que la sécurité de ses centrales n'est pas mise en cause, et que leur arrêt temporaire est une mesure de précaution.

    Pour l'entreprise, cette décision va avoir d'importantes conséquences financières. Pour le deuxième semestre, elle a revu à la baisse sa production maximale d'électricité de presque 9 %, à 30,1 Térawattheures."

    La concentration de la production sur de grosses unités explique que des situations de ce type aient des conséquences majeures pour l'exploitant et aussi pour l’approvisionnement énergétique des pays qui ont recours au nucléaire.

    Heureusement pour nos voisins belges et anglais, ces problèmes n'ont pas été à l'origine d'une catastrophe majeure, mais ils sont significatifs de la fragilité inquiétante de la filière nucléaire, même sous contrôle français.

     

  • À Fukushima, le pire reste à venir

    Communiqué de Greenpeace (extraits).

    Ces dernières semaines, l’opérateur de la centrale de Fukushima, TEPCO, a multiplié les déclarations, les rapports et les aveux.

    Des informations cruciales sur l’état des réacteurs nous parviennent donc éparses, au gré des déclarations contrites et souvent contraintes de TEPCO. Des informations qui, analysées ensemble, nous laissent entrevoir d’une part l’état dramatique de la centrale et l’ampleur de la catastrophe nucléaire en cours, et d’autre part la stratégie mise en œuvre par TEPCO.

    (...)

    Préparer l’opinion publique japonaise au pire

    Le 6 août dernier, une information fait la Une du Japan Times : “Fukushima reactor 3 meltdown was worse than estimated: Tepco” – “l’état de fusion du réacteur n°3 pire que prévu”.

    Depuis le début de la catastrophe, le 11 mars 2013, TEPCO persistait à communiquer sur une fusion partielle du réacteur n°3 de Fukushima Daiichi, l’évaluant à 60%. Mais hier, l’aveu est finalement arrivé : c’est 100% du réacteur, qui, rappelons-le, fonctionne avec 30% de combustible MOX depuis septembre 2010, qui serait en fusion.

    Ce chiffre de 100% n’est pas une surprise pour les experts, qui s’accordent à dire que les réacteurs 1 et 2 sont, selon toute probabilité, dans le même état. Mais dès lors, que penser du choix de TEPCO de faire acte de transparence maintenant ?

    Pour Greenpeace, au regard des informations rassemblées, c’est une façon de préparer l’opinion publique à l’impossible retrait des combustibles des réacteurs de Fukushima. Aujourd’hui, retirer le corium d’un réacteur est une tâche inédite, non prévue, non envisagée à la conception des réacteurs, et surtout impossible dans l’état actuel des connaissances techniques.

    C’est ce que les citoyens japonais vont devoir affronter. Cette communication de TEPCO est une façon d’introduire le fait que la construction de bunkers pour couvrir les réacteurs accidentés sera très probablement nécessaire, et de préparer progressivement l’opinion publique japonaise et mondiale pour la construction d’une série de “sarcophages de Tchernobyl version 2014″.

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    Redémarrer à tout prix ?

    Au même moment, et alors que l’ensemble du parc de 48 réacteurs du pays est arrêté, le gouvernement japonais semble vouloir à tout prix relancer des réacteurs.

    Des dossiers techniques ont ainsi été soumis à l’autorité de sûreté nucléaire, notamment pour les réacteurs de Sendai. Compte tenu des délais d’examen qui se montent à un ou deux mois, la validation technique définitive ne devrait pas intervenir avant fin novembre. L’autorité se borne toutefois à dire que les installations sont sûres. C’est aux dirigeants politiques qu’il revient de décider du redémarrage.
    Or, ces réacteurs de Sendai sont vieux, ils sont respectivement âgés de 29 et 30 ans…
    Le vieillissement des réacteurs réduit considérablement les marges de sûreté prévues par la conception et augmentent fortement le risque d’accidents. Voir notre enquête complète sur le vieillissement des réacteurs nucléaire sur out-of-age.eu

     

  • Centrales nucléaires, démantèlement impossible ?

    Les problèmes engendrés par la démolition des centrales nucléaires vieillissantes sont multiples et complexes.

    La gestion des déchets contaminés en est un exemple ; on constate en Allemagne, aux États-Unis et en France qu'aucune solution satisfaisante n'existe, alors que la question va se poser de manière de plus en plus pressante.

    Ce soir Arte diffuse un documentaire que nous n'avons pas vu, mais qui doit être regardé comme une pièce à ajouter à ce dossier préoccupant.

    Voici ce qu'en dit "Telerama" :

    Mardi 29 juillet de 20:55 à 22:05 sur Arte

    Synopsis de Centrales nucléaires, démantèlement impossible ?

    nucleaire.jpgDe la France aux Etats-Unis, en passant par l'Allemagne, les pays qui ont misé sur l'énergie nucléaire se trouvent aujourd'hui confrontés à un nouveau défi : le démantèlement de leurs centrales vieillissantes ou définitivement mises à l'arrêt. Voici quarante ans, leurs concepteurs, tout à leur enthousiasme, n'avaient pas prévu que, devenus trop vieux et donc dangereux, ces réacteurs devraient être un jour démontés, et qu'il faudrait stocker leurs déchets hautement radioactifs. Si les opérateurs et les autorités de la sûreté nucléaire assurent pouvoir maîtriser ce processus de démantèlement, la réalité est tout autre.

  • Nouveau rapport de la Cour des Comptes : qui parlait de nucléaire pas cher ?

    Communiqué du réseau "sortir du nucléaire"

    La Cour confirme la tendance à la hausse du coût de production du nucléaire : en 3 ans, passant de 49,6 € le MWh à 59,8€ le MWh, celui-ci a crû de 21% ! Il est nécessaire d’en tirer les enseignements qui s’imposent : renoncer au plus vite à une énergie chère et dangereuse.

    Une maintenance qui explose

    Une partie notable de ces coûts est dûe aux opérations de maintenance et aux réparations à effectuer dans le contexte post-Fukushima. Dans la perspective à venir du "Grand Carénage", il y a du souci à se faire : l’ASN alerte déjà sur le fait qu’EDF est débordé par les travaux de maintenance et note des non-qualités de maintenance dues à la perte de transmission de savoir-faire. Il est donc inéluctable que ce poste de dépense explose, au prix d’une augmentation de la facture pour les consommateurs. Rappelons que le programme du Grand Carénage ne résoudra pas les problèmes de sûreté liés au vieillissement inéluctable de certains équipements non remplaçables. Il risque en revanche de se traduire par des coûts accrus et des conditions de travail inacceptables pour les intervenants.

    Le nucléaire n’est plus compétitif

    Reaction-en-chaine---Gorce.jpgIl est regrettable que la Cour des Comptes se soit interdit d’enquêter sur une comparaison des coûts entre nucléaire et énergies renouvelables, celle-ci ayant pu se révéler fort instructive. Le nucléaire est en effet la seule technologie au monde dont les coûts de production vont croissant, malgré des dépenses de recherche qui ont crû de 10% en 3 ans, alors que le coût du MWh renouvelable ne cesse de baisser. Il faut s’attendre à un croisement imminent des courbes des prix de production, notamment avec l’éolien terrestre. Un rapport allemand publié par le think tank Agora Energiewende a d’ailleurs récemment montré qu’un mix électrique à base de solaire et d’éolien s’avèrerait 21% moins cherqu’un système équivalent à base de nucléaire nouvelle génération. En pleine période de crise économique et d’austérité, il relèverait de la responsabilité des pouvoirs publics d’opter pour une réelle transition énergétique basée sur les économies d’énergie et les énergies renouvelables plutôt que de continuer à parier sur une technologie aux coûts croissants.

    La zone d’ombre des coûts à venir

    La Cour continue de souligner que les prix à venir restent difficiles à déterminer et qu’ils seront supportés par les générations futures, une grande partie des coûts étant reportés après la période de production. Il est inacceptable que François Hollande puisse prétendre s’engager pour la jeunesse tout avalisant la poursuite du nucléaire, qui fera peser un lourd fardeau sur les épaules des futurs contribuables.

  • Fukushima : alors que la catastrophe dure depuis 3 ans, le déni continue

    Communiqué du réseau Sortir du Nucléaire en date du 4 mars 2014

    Le 11 mars 2014, cela fera maintenant 3 ans que dure la catastrophe nucléaire de Fukushima. Malgré le déni des autorités, ses conséquences sanitaires et environnementales ne s’atténuent pas, bien au contraire. Nous transmettons notre entier soutien au peuple japonais, qui souffre des contaminations, ainsi qu’à toutes celles et ceux qui luttent pour un Japon sans nucléaire.

    Fuites incontrôlées à la centrale de Fukushima

    Trois ans après, la situation à la centrale reste hors de contrôle. Les réacteurs éventrés doivent toujours être refroidis ; près de 400 000 tonnes d’eau s’accumulent dans des cuves construites à la va-vite, dont un grand nombre fuient. Les stations de traitement des eaux ne sont toujours pas opérationnelles et les fuites hautement radioactives ont déjà atteint la nappe phréatique et l’océan, contaminant gravement le milieu marin. Sur 67 poissons pêchés par Tepco dans le port devant la centrale en décembre 2013, 21 dépassaient 10 000 Becquerels/kg en césium 134 et césium 137, soit 100 fois la limite fixée par le gouvernement japonais.

    L’évacuation du combustible usé du réacteur n°4, débutée en novembre 2013, devrait durer jusqu’à fin 2014. Mais il reste encore près de 2000 tonnes de combustible usé hautement radioactif sur l’ensemble de la centrale. Où pourront-elles être stockées ? Par ailleurs, l’ensemble du site reste vulnérable à un nouveau séisme de grande ampleur.

    © Tepco

    Depuis 2011, plus de 30 000 travailleurs se sont succédés à la centrale, dont plus de 26 000 sous-traitants, au péril de leur santé. Au fur et à mesure que ceux-ci accumulent des doses de radioactivité, la pénurie de travailleurs qualifiés se fait de plus en plus criante. Certains intervenants, recrutés parmi les sans-abris par la mafia, travaillent dans des conditions particulièrement indignes.

    La vie contaminée

    Près de 150 000 personnes déplacées suite à la catastrophe vivent toujours dans des conditions précaires. En avril 2014, Tepco cessera de dédommager ceux qui ont perdu leur travail suite à l’accident. Ce même mois, pour la première fois, l’ordre d’évacuation sera levé et les habitants du district de Miyakoji (à 20 km de la centrale) devront rentrer chez eux, bien qu’en de nombreux endroits, la dose d’exposition autorisée pour le grand public de 1 millisievert/an soit largement dépassée. Souhaitant arrêter de payer des compensations financières pour les évacués et limiter les frais des travaux de décontamination, le gouvernement entend hâter le retour dans les zones contaminées malgré l’opposition des habitants qui, à juste titre, craignent pour leur santé.

    Des centaines de milliers de personnes continuent par ailleurs de vivre dans des villes et villages où le niveau de radioactivité ambiant justifierait pourtant l’évacuation. Tas de terre radioactive abandonnés au bord des routes, maisons simplement passées au kärcher, mesures hâtives : dans la préfecture de Fukushima, les "décontaminations" sont un fiasco. Les habitants non évacués ont le choix entre se voiler la face ou contrôler le moindre aliment, le moindre objet.

    Interdits de jouer dehors, condamnés à porter des dosimètres, les enfants sont les premières victimes. Les enfants de la préfecture de Fukushima doivent subir un examen médical à grande échelle. Parmi les 250 000 qui y ont déjà été soumis, 75 pourraient déjà être atteints par un cancer de la thyroïde ; et pour 33 d’entre eux, le cancer ne fait plus de doute. Pour le radiologue spécialiste du cancer Hiroto Matsue, il ne fait pas de doute que tous ces cancers sont directement causés par Fukushima. Il déclare ainsi : "Depuis quarante ans que j’exerce, je n’avais jamais vu de thyroïde avec tellement de kystes et de nodules que je ne pouvais les compter. Ce n’est pas normal." (Science&Vie, mars 2014, p.88)

    À la contamination s’ajoutent des drames humains : de nombreuses familles sont séparées, les mères ayant préféré déménager pour protéger leurs enfants tandis que leurs maris souhaitaient rester sur place.

    Face aux risques, la censure et le mensonge des autorités

    Plutôt que de prendre les problèmes à bras-le-corps et de reconnaître la gravité des faits, le gouvernement persiste dans le déni et organise le mensonge à grande échelle. Afin que Tokyo puisse accueillir les Jeux Olympiques de 2020, le Premier Ministre Shinzo Abe n’a pas hésité à mentir, prétendant que la situation restait sous contrôle et les impacts de l’accident circonscrits au site de la centrale. En décembre 2013, une loi a même été adoptée interdisant la divulgation de certaines informations "sensibles" pour cause de "secret d’État", préfigurant de nouvelles dissimulations sur l’état réel des installations nucléaires et menaçant de fait les lanceurs d’alerte de lourdes peines de prison.

    Le Japon est-il condamné à vivre à son tour le déni et la dissimulation d’informations qui ont sévi à Tchernobyl ? Suite à la catastrophe ukrainienne, un programme dénommé ETHOS avait été développé par des "ONG" financées par l’industrie nucléaire, pour tenter de démontrer qu’il était possible de vivre en zone contaminée et minimiser la gravité de l’accident. Or, à Fukushima, un même programme dénommé ETHOS a été mis en place. Un de ses membres, également investi dans le suivi de la catastrophe de Tchernobyl, a même attaqué une journaliste en justice. Par ailleurs, fin 2013, un protocole d’accord a été signé entre l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique et l’Université Médicale de Fukushima, demandant la confidentialité de toute information qui serait classifiée par l’une des parties. Cet accord rappelle tristement celui signé en 1959 entre l’AIEA et l’Organisation Mondiale de la Santé, qui empêche l’OMS de travailler de façon indépendante sur les questions sanitaires liées à la radioactivité.

    Le déni des autorités

    Toutes les centrales sont actuellement à l’arrêt (la centrale d’Ohi, seule à avoir été relancée, est en maintenance). Mais l’industrie atomique, restée influente malgré la déchéance de Tepco, continue de plaider pour la relance de 17 réacteurs. Malgré les mises en garde de certains géologues, les risques sismiques et l’existence de failles actives sont minorés. Rien d’étonnant donc à ce que l’industrie nucléaire japonaise aie également signé en 2013 un accord avec un autre pays à haut risque sismique, la Turquie, pour la construction de réacteurs.

    En avril 2013, alors que toutes les centrales étaient à l’arrêt, le Japon a accueilli une cargaison de combustible MOX envoyé par la France – le même que celui qui alimentait le réacteur n°3 de Fukushima. Le gouvernement pronucléaire de Shinzo Abe prépare activement le redémarrage des réacteurs : fin février 2014, le nucléaire a été présenté par le Ministre du Commerce et de l’Industrie comme "fondement de la stabilité de l’approvisionnement énergétique" du pays.

    Ils se battent pour un Japon sans nucléaire

    © Toru Yamanaka/AFP

    Malgré le retour au pouvoir massif des partisans du nucléaire, la population japonaise reste hostile au redémarrage des réacteurs et favorable à d’autres énergies. D’importantes manifestations auront lieu le 11 mars 2014. À l’occasion de ce troisième "anniversaire" de la catastrophe, nous réaffirmons notre soutien au peuple japonais et à tous ceux qui luttent pour que le Japon, enfin, soit débarrassé de l’industrie nucléaire.

    Parmi les différentes initiatives en cours, citons notamment le procès initié contre les constructeurs de la centrale de Fukushima, auquel 1335 plaignants se sont associés.

  • 55 milliards pour les centrales nucléaires

    Dans le domaine de l'énergie aussi, l'argent constitue le nerf de la guerre, et les sommes consacrées  à tel ou tel choix en disent long sur les priorités des politiques qui sont menées.

    EDF lance une opération "grand carénage" qui vise à une remise à niveau des centrales nucléaires, dans le but d'en prolonger la durée de vie. Ces travaux pourraient atteindre plus de 55 milliards d’investissements dans les dix années à venir selon le site énergie en questions(un site dépendant d'EDF). Il est clairement indiqué que " (les) opérations de grands carénages'(...) permettent de prolonger la durée de vie des centrales existantes jusqu’à 60 ans vont être lancées chaque année."

    Voila un choix pris de manière très démocratique (?!), en dehors de toute concertation  et de toute validation politique.

    Pour la centrale de Chooz, EDF a déjà lancé sa communication avec la chambre de commerce et d'industrie des Ardennes.

    Le site belge  lavenir.net écrit :"Localement, et sans pouvoir encore affiner ces sommes, il est prévu d’investir à Chooz 1,4 milliard d’euros pour ce «grand carénage », plus 700 millions destinés à la mise aux normes post-Fukushima. La facture dépassera donc les 2 milliards, mais doit permettre à Chooz de poursuivre son activité jusqu’en 2060, soit 20 années supplémentaires de bons et loyaux services. Par contre, compte tenu de la relative jeunesse de la centrale ardennaise, sa cure de jouvence n’interviendra que dans la dernière partie du programme national, soit pas avant 2020."

    Le site ajoute"Cette rénovation devrait, on s’en doute, générer une activité certaine de l’autre côté de la frontière (voir ci-dessous), d’autant qu’EDF a annoncé clairement la couleur: pas question durant le chantier de prévoir des mises à l’arrêt prolongées qui plomberaient la production électrique française. C’est un peu comme dans le commerce: pendant les travaux, la vente continue…"

    La  durée d'exploitation de la centrale de Chooz va-telle réellement être prolongée de 20 ans, ou s'agit-il pour EDF d'une tentative de forcer la main aux politiques ? Il est urgent que les élus responsables localement et nationalement se positionnent sur ce débat de fond.

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